N
NAÏADE
(na-ia-d'), s. f.
1°
Divinité inférieure qui, suivant le polythéisme,
présidait aux fontaines et aux rivières. Je ne me déclare
caution que de l'histoire du fleuve en colère [le Rhin], que
j'ai apprise d'une de ses naïades qui s'est réfugiée
dans la Seine, BOILEAU Ép. IV, Passage du Rhin, au lecteur. Il
[le dieu du Rhin] se trouble, il regarde, et partout sur ses rives Il
voit fuir à grands pas ses naïades craintives, ID. Ép.
IV. Je sais, quand le midi leur fait désirer l'ombre, Entrer
à pas muets sous le roc frais et sombre, D'où parmi le
cresson et l'humide gravier La naïade se fraie un oblique sentier,
A. CHÉN. Idylle, fragment.
Fig. Ce serait à ceux qui ont des millions
de quarante écus de rente, à se charger de ce grand ouvrage
[amener l'Yvette à Paris] ; mais l'incertitude du succès
les effraie, le travail les rebute, et les filles de l'opéra
l'emportent sur les naïades de l'Yvette, VOLT. Lett. de Parcieux,
17 juin 1768.
NIXE
(ni-ks'), s. f.
Nom
allemand des ondines, nymphe ou génie des eaux. Si vous aimez
les sortiléges, venez par un beau clair de lune d'une nuit de
mai évoquer la nixe de Vaucluse, et peut-être à
votre appel la verrez-vous sortir de cet abîme de cristal qui
lui sert de palais, H. BLAZE DE BURY, Rev. des Deux-Mondes, 15 juill.
1874, p. 261.
NONCHALOIR
(non-cha-loir), s. m.
S'est dit pour nonchalance, paresse, inaction. Depuis deux jours, hélas
! je l'ai perdu, Du nonchaloir ce héros admirable, CHAULIEU,
Lett. à Rousseau, Oeuv. t. I, p. 155, dans POUGENS.
NOURRISSON
(nou-ri-son), s. m.
1° Enfant qui est en nourrice. Clitus aimait Alexandre non-seulement
comme son roi, mais encore comme son nourrisson, VAUGELAS, Q. C. III,
6. Et, sans s'incommoder, moyennant ce partage, Mères et nourrissons
faisaient leur tripotage, LA FONT. Fabl. III, 6. De jeunes femmes apportent
leurs nourrissons devant son image [de Marie], CHATEAUB. Génie,
I, I, 5. Les nourrissons de Paris, c'est-à-dire les enfants placés
par les familles de toutes les classes de Paris dans les environs de
la capitale, Moniteur du 27 mars 1867, p. 364, 2e col.
Il se dit aussi au féminin, nourrissonne.
Que pouvait Mambrès dans des circonstances si épineuses
? il va trouver sa chère nourrissonne au sortir du conseil, VOLT.
Taureau blanc, 4.
Fig. De là toutes ces plantes, Nourrissons
exilés des régions ardentes, DELILLE, Trois règnes,
IV.
2° Dans le style soutenu, élève, en le rapportant
à quelque divinité, et, particulièrement, aux Muses.
J'ai rang parmi les nourrissons Qui sont chers aux doctes pucelles,
Et souvent j'ose, en mes chansons, Célébrer des rois et
des belles, LA FONT. Lett. XVI. Muses, dictez sa gloire à tous
vos nourrissons, BOILEAU Art p. IV. Elle couvrit le jeune nourrisson
de Minerve de l'égide que la sage déesse lui avait confiée,
FÉN. Tél. XVI. Le nourrisson du Pinde, ainsi que le guerrier,
à tout l'or du Pérou préfère un beau laurier,
PIRON, Métrom. III, 7.
NUBILE
(nu-bi-l'), adj.
Qui
est devenu apte au mariage, en parlant des filles. La grande peine où
je me voi, C'est d'avoir cinq filles chez moi Dont la moins âgée
est nubile ; Je dois les établir, je voudrais le pouvoir ;
Mais à suivre Apollon on ne s'enrichit guère ; C'est
avec peu de bien un terrible devoir De se sentir pressé d'être
cinq fois beau-père, QUINAULT, dans RICHELET. Une fille nubile,
exposée au malheur, Qui veut faire une fin en tout bien, tout
honneur, REGNARD, le Légat. V, 7. Un ancien usage des Romains
défendait de faire mourir les filles qui n'étaient pas
nubiles ; Tibère trouva l'expédient de les faire
violer par le bourreau avant de les envoyer au supplice, MONTESQ. Esp.
XII, 14.
Âge nubile, l'âge auquel on est
en état de se marier.
Fig. [Au printemps alors] Que la terre est nubile,
et brûle d'être mère, A. CHÉN. Hermès.
NYMPHE
(nin-f'), s. f.
1° Dans le polythéisme gréco-latin, divinité
des fleuves, des bois, des montagnes. Écho n'est plus un son
qui dans l'air retentisse, C'est une nymphe en pleurs qui se plaint
de Narcisse, BOILEAU Art p. III. Une corneille, dit Hésiode,
vit neuf fois autant qu'un homme ; un cerf, quatre fois autant
qu'une corneille ; un corbeau, trois fois autant qu'un cerf ;
le phénix, neuf fois autant qu'un corbeau ; et les nymphes
enfin, dix fois autant que le phénix, FONTEN. Oracl. I, 6. Tantôt,
quand d'un ruisseau, suivi dès sa naissance, La nymphe aux pieds
d'argent a sous de longs berceaux Fait serpenter ensemble et mes pas
et ses eaux, A. CHÉN. Élég. XVI. Et les nymphes
des bois, des sources, des montagnes, Toutes, frappant leur sein et
traînant un long deuil, Répétèrent hélas
! autour de son cercueil, ID. ib. XX.