S
SANTAL
(san-tal) ou SANDAL (san-dal), s. m.
1° Nom, en pharmacie, de trois substances ligneuses que l'on distingue
par les noms de santal blanc, santal citrin et santal rouge. Poudre
des trois santaux.
Santal blanc, santalum album, arbre de l'Inde,
dont le bois plaît beaucoup aux indigènes, à cause
de l'odeur qu'il exhale. Le santal n'est pas employé dans les
constructions, mais on le débite en petites bûches, et
on le livre ainsi au commerce, qui le recherche à cause de l'odeur
aromatique qu'il dégage ; cette odeur n'est pas du goût
des Européens, mais elle plaît beaucoup aux habitants des
îles du Pacifique, qui en parfument l'huile de coco dont ils s'enduisent
le corps et les cheveux ; les Chinois brûlent ce bois dans
leurs temples et s'en servent comme d'encens, CLAVÉ, Rev. des
Deux-Mondes, 15 avr. 1867, p. 852.
Santal rouge, pterocarpus santalinus, légumineuses
papilionacées, arbre de l'Inde qui fournit un bois de teinture
estimé.
SÉCULAIRE
(sé-ku-lê-r'), adj.
1° Terme d'antiquité romaine. Qui se fait de cent ans en
cent ans. Jeux séculaires. Les jeux séculaires avaient
été institués par Valerius Publicola, premier consul
après l'expulsion des Tarquins ; Septime-Sévère
fut le dernier qui les célébra. Ces fêtes ou ces
jeux qu'on appelait séculaires, devaient être célébrés
suivant une prétendue prédiction contenue dans les livres
des sibylles, qui annonçaient que l'empire romain se maintiendrait
dans toute sa gloire, tant que ces fêtes seraient exactement célébrées,
DUMARS. Oeuv. t. I, p. 45.
Par extension. Vous n'ignorez pas qu'on vient
d'établir une espèce de jeux séculaires en l'honneur
de Shakespeare, en Angleterre ; ils viennent d'être célébrés
avec une extrême magnificence, VOLT. Lett. Champfort, 27 sept.
1769.
Poëme séculaire, pièce de
poésie lyrique, qui était composée pour les jeux
séculaires. Il faut avouer que le poëme séculaire
d'Horace est un des plus beaux morceaux de l'antiquité, VOLT.
Dict. phil. Oraison.
2° Année séculaire, l'année qui termine un
siècle. à chaque année séculaire on ouvre
la porte sainte à Rome.
3° Dans le style soutenu. Qui a ou qui dure beaucoup d'années.
Son vieux tronc, par sa durée séculaire, insultant à
la fragilité des générations humaines, DELILLE,
Trois règ. Disc. prél. Au pied du trône séculaire
Où s'assied un autre Nestor [Louis XVIII], De la tempête
populaire Le flot calmé murmure encor ! LAMART. Médit.
I, 15. Quand Dieu, las de forfaits, se lève en sa colère,
Il suscite un fléau formidable aux cités, Qui laisse après
sa suite un effroi séculaire, V. HUGO, Odes, V, 4.
4° En astronomie, il se dit de ce qui exige des siècles pour
que l'effet s'en fasse sentir. Inégalités séculaires.
SÉPULCRE
(sé-pul-kr'), s. m.
1° Tombeau, en parlant des anciens. Les sépulcres de l'Egypte.
Le saint sépulcre, le sépulcre
où Jésus-Christ fut déposé après
sa mort.
Le Saint-Sépulcre, nom d'une église
à Jérusalem contenant, à ce qu'on croit, le sépulcre
où fut mis Jésus-Christ.
Chanoine du Saint-Sépulcre, chanoines
institués par Godefroy de Bouillon pour desservir cette église.
Chevaliers du Saint-Sépulcre, ordre militaire
fondé en 1492 par Alexandre VI.
Fig. Dans le langage de l'Écriture, des
sépulcres blanchis, des hypocrites ; locution tirée
de ce que, les tombeaux étant impurs chez les Juifs, on avait
soin de les blanchir à la chaux, pour avertir de ne pas s'en
approcher ; de sorte que le sépulcre, blanc au dehors, était
impur au dedans. L'ambition fait trouver ces expédients dangereux
où, semblable à un sépulcre blanchi, un juge artificieux
ne garde que les apparences de la justice, BOSSUET le Tellier. Découvrant
....la puanteur de ces sépulcres blanchis, MASS. Or. fun. Villeroy.
2° Dans le langage élevé ou poétique, monument
funéraire. On enveloppe presque de même façon ceux
qui naissent et ceux qui sont morts : un berceau a quelque idée
d'un sépulcre ; et c'est la marque de notre mortalité
qu'on nous ensevelisse en naissant, BOSSUET 1er sermon, Nativité,
2. Lazare meurt ; son corps abandonné trouve à peine
un peu de terre qui lui serve de sépulcre, MASS. Carême,
Mauv. riche. Si la moindre persécution y venait [à Ferney]
effrayer mon indépendance, il y a partout des sépulcres,
rien ne se trouve plus aisément, VOLT. Lett. Mme de St-Julien,
3 mars 1769. Dans un même sépulcre enferme-nous tous deux,
ID. Scythes, IV, 6.
Fig. Oui, Pompée avec lui porte le sort
du monde, Et veut que notre Égypte en miracles féconde
Serve à sa liberté de sépulcre, ou d'appui, CORN.
Pomp. I, 1. La demeure de l'oisif est un sépulcre, DIDER. Claude
et Nér. II, 29.
3° Fig. Il se dit de ce qui enveloppe, enferme comme un sépulcre.
Nos corps sont des sépulcres où nos âmes sont gisantes
et ensevelies, BOSSUET Pensées chrét. 7. Enfermé
dans ce sépulcre blanc [un pays couvert de neige], j'ignore où
vous en êtes, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 11 févr. 1771.
SÉRAPHIN
(sé-ra-fin), s. m.
Ange
de la première hiérarchie. Instruits d'un si haut mystère
[la Trinité], et étonnés de sa profondeur incompréhensible,
nous couvrons notre face devant Dieu avec les séraphins que vit
Isaïe, et nous adorons avec eux celui qui est trois fois saint,
BOSSUET Hist. II, 6. Je crus entendre la voix d'un séraphin,
lors que cet homme me dit en posant le sac sur une table : Seigneur
Gil Blas, voilà ce que Mme la marquise vous envoie, LESAGE, Gil
Bl. IV, 15.
SÉRAPHIQUE
(sé-ra-fi-k'), adj.
1°
Qui appartient aux séraphins. Ardeur séraphique.
SÈVRES (sè-vr'), s. m.
Porcelaine
fabriquée à la manufacture de Sèvres près
Paris, qui fut fondée en 1756.
Vieux sèvres, porcelaine de Sèvres
fabriquée avant le rétablissement de la manufacture sous
le Consulat.
SIBYLLIN,
INE (si-bil-lin, li-n'), adj.
De
sibylle. Les prédictions sibyllines. Les oracles sibyllins. Enfant,
on me disait que les voix sibyllines Promettaient l'avenir aux murs
des sept collines, V. HUGO, Odes, Chant de fête de Néron.
Livres sibyllins, livres qui contenaient les
oracles des sibylles. Ces mêmes Romains ont à la fin laissé
périr les livres sibyllins, si longtemps révérés
parmi eux comme prophétiques, BOSSUET Hist. II, 13. La première
collection de vers sibyllins, achetée par Tarquin, contenait
trois livres ; la seconde fut compilée après l'incendie
du Capitole, mais on ignore combien de livres elle contenait ;
et la troisième est celle que nous avons en huit livres, et dans
laquelle il n'est pas douteux que l'auteur n'ait inséré
plusieurs prédictions de la seconde, VOLT. Dict. phil. Sibylle.
STEAMER
(sti-meur), s. m.
Navire à vapeur. Au lieu de ce mot anglais, il vaut mieux dire
: un vapeur.
STYX
(stiks'), s. m.
1° Nom d'une fontaine d'Arcadie, fameuse par le froid extrême
de ses eaux, qui étaient mortelles, disait-on, pour ceux qui
en buvaient.
2° Fleuve qui, selon la mythologie, coulait aux enfers ; les
dieux juraient par le Styx, et ce serment ne pouvait être violé.
C'en est fait, j'ai juré par les ondes du Styx, FÉN. Tél.
VII. Descends sur les rives sombres du Styx, ID. ib. XVI.
SYLPHE,
IDE (sil-f', fi-d'), s. m. et f.
1° Nom que les cabalistes donnaient aux prétendus génies
élémentaires de l'air. Une petite critique contre la Bérénice
de Racine, qui me parut fort plaisante et fort spirituelle ; c'est
de l'auteur des sylphides, des gnomes et des salamandres [Montfaucon
de Villars], SÉV. 16 sept. 1671. Cette guerre sera très
bien fondée, et, si les sylphes pouvaient périr, ils ne
le pourraient faire dans une plus belle occasion, ID. 18 oct. 1671.
Je n'outre rien ; telle est en somme La demeure où je vis
en paix, Concitoyen du peuple gnome, Des sylphides et des follets, GRESSET,
Chartreuse. Sans quelques réminiscences de jeunesse et Mme d'Houdetot,
les amours que j'ai sentis et décrits n'auraient été
qu'avec des sylphides, J. J. ROUSS. Conf. XI. Lucile enfin mit sur cette
main un pied charmant, et s'élança si légèrement
à cheval, que tous ses mouvements donnaient l'idée d'une
de ces sylphides que l'imagination nous peint avec des couleurs si délicates,
STAËL, Corinne, XVII, 6. Elle [la raison] niait votre existence,
Sylphes charmants, peuples de l'air, BÉRANG. Sylphide. Je suis
l'enfant de l'air, un sylphe, moins qu'un rêve, Fils du printemps
qui naît, du matin qui se lève, V. HUGO, Ball. 2.
Fig. Arioste à son tour, sylphe heureux
du Parnasse, Souple et nerveux, unit et l'adresse et l'audace, MILLEV.
Invention poétique. Tous les plaisirs, sylphes de la jeunesse,
Éveilleront sa lyre au sein des nuits, BÉRANG. Tailleur.
On dit en parlant d'une jeune femme élancée
et gracieuse : C'est une sylphide, elle danse comme une sylphide. Je
vous en dirai davantage, quand j'aurai vu Sylphide [Mme de Coulanges],
SÉV. 16 sept. 1676.