Stéphane Mallarmé | un coup de dés... | ||||
POESIES
Le Guignon |
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Au-dessus du bétail
ahuri des humains Un noir vent sur leur
marche éployé pour bannières Toujours avec l'espoir
de rencontrer la mer, La plupart râla
dans les défilés nocturnes, Leur défaite,
c'est par un ange très puissant Ils tètent la
douleur comme ils tétaient le rêve Ceux-là sont
consolés, sûrs et majestueux; Le sel pareil des pleurs
ronge leur douce joue, Ils pouvaient exciter
aussi comme un tambour Non, vils et fréquentant
les déserts sans citerne, Amants, il saute en
croupe à trois, le partageur! Grâce à
lui, si l'un souffle à son buccin bizarre, Grâce à
lui, si l'une orne à point un sein fané Et ce squelette nain,
coiffé d'un feutre à plume Vexés ne vont-ils
pas provoquer le pervers, Désolés
sans l'orgueil qui sacre l'infortune, Ils sont l'amusement
des racleurs de rebec, Les poëtes bons
pour l'aumône ou la vengeance, « Ils peuvent
fuir ayant de chaque exploit assez, « Nous soûlerons
d'encens le vainqueur de la fête: Quand en face tous leur
ont craché les dédains, Vont ridiculement se pendre au réverbère. |
Premier état du guignon , daté de 1862, d'après un manuscrit de Mallarmé.
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LE
GUIGNON
Au-dessus
du bétail écoeurant des humains Un vent
mêlé de cendres effarait leurs bannières La tête
dans l'orage, ils défiaient l'Enfer La plupart
ont râlé dans des ravins nocturnes S'ils
sont vaincus, c'est par un Ange très puissant Ils tètent
la Douleur comme ils tétaient le Rêve, Ceux-là
sont consolés étant majestueux, Des pleurs
aussi salés rongent leur pâle joue, Ils pouvaient
faire aussi sonner comme un tambour Non.
Vieux, et fréquentant les déserts sans citerne, S'ils
vont, il grimpe en croupe et se fait voyageur ; Grâce
à lui, si l'un chante en son buccin bizarre Grâce
à lui, s'ils s'en vont tenter un sein fané Et ce
squelette nain, coiffé d'un feutre à plume Et si,
rossés, ils ont provoqué le pervers, Malheureux
sans l'orgueil d'une austère infortune, S'ils
sont l'amusement des râcleurs de rebec, Les poëtes
savants leur prêchent la vengeance, Ils peuvent,
sans quêter quelques soupirs gueusés, "
Noua soûlerons d'encens les Forts qui tiennent tête Quand
chacun a sur eux craché tous ses dédains, Vont ridiculement se pendre au réverbère. |