G
GLAUQUE
(glô-k'), adj.
1°
Terme didactique. Qui est de couleur vert de mer. Feuilles glauques.
[note du webmestre : ce mot n'a pas de sens péjoratif.]
[L'Après-midi]
GLORIOLE
(glo-ri-o-l'), s. f.
Petite
gloire qu'on tire de petites choses. On nous apprend l'inutile et on
nous laisse ignorer le plus important ; nous avons besoin de citoyens
parvenus par une longue habitude à être justes, doux, humbles,
patients, polis, discrets et généreux, qui sachent pardonner
les injures, qui se connaissent en vraie gloire et qui la recherchent,
qui méprisent les distinctions de vanité ou les glorioles,
qui fassent plus de cas des grands talents et des grandes vertus que
des grands biens de la fortune, ST-PIERRE, Discours préliminaire
de ses annales politiques. S'applaudir d'être plus puissant que
les autres, c'est une vanité, c'est une gloriole ; mais
la vraie gloire, la grande gloire, c'est de faire le meilleur usage
qu'il est possible de la supériorité de sa puissance,
ID. Annales politiques. Les affaires furent retardées par ces
prétentions et ces refus que les Romains nommaient gloriole,
que tout le monde condamne quand on est sans caractère, et sur
lesquels on insiste dès qu'on en a un, VOLT. Ann. Emp. Ferdinand
III, paix de Vestphalie. La fumée de la gloriole m'ayant plus
étourdi que flatté, J. J. ROUSS. Confess. XII. L'abbé
de St-Pierre est l'auteur d'une expression qui commence à prendre
faveur ; c'est le mot de gloriole, si bien adapté à
cette vanité puérile qui ne vit, si on peut parler de
la sorte, que de la fumée la plus légère et la
plus prompte à s'exhaler, D'ALEMB. Éloge de l'abbé
de St-Pierre. Ma petite gloriole d'auteur fut si satisfaite de se rencontrer
auprès de la grande gloire de Lacédémone, que ...
CHATEAUBR. Itin. 1re part
[Petit Air I]
GLOSER
(glô-zé), v. a.
1° Commenter par gloses. Les auteurs qui ont glosé la Bible.
2° Fig. Critiquer, censurer. Sans gloser les humeurs de dame Frédégonde,
RÉGNIER, Sat. IV. Quoi ! pour un maigre auteur que je glose en
passant, BOILEAU Sat. IX.
3° V. n. Donner une glose. Qu'ont fait ces commentateurs et ces
glossateurs, surtout ceux qui ont glosé sur les lois, qu'ont-ils
fait ordinairement, sinon de charger les marges des livres de leurs
imaginations, qui ne font le plus souvent qu'embrouiller le texte ?
BOSSUET Exp. doct. cathol. Avert.
Fig. Gloser sur l'Évangile, être
madré, fûté. Au temps que le sexe vivait Dans l'ignorance
et ne savait Gloser encor sur l'Évangile, Temps à coter
fort difficile, LA FONT. Cord.
4° Parler d'une façon désapprobative. Car chacun taille,
rogne et glose sur mes vers, RÉGNIER, Sat. XII. Sur notre honneur
enfin aucun mortel ne glose, HAUTEROCHE, Bourg. de qualité, II,
6. Glosa sur l'éléphant, dit qu'on pourrait encor Ajouter
à sa queue, ôter à ses oreilles, LA FONT. Fabl.
I, 7. Et prend droit de gloser sur tous tant que nous sommes, MOL. Tart.
I, 2. Oui-da, l'état de veuve est une douce chose, On a plusieurs
amants sans que personne en glose, REGNARD, le Bal, sc. 3. Sachez, quoiqu'on
en glose, Qu'un travers est, madame, une fort bonne chose, LANOUE, Coquette
corr. III, 5. Certain cafard, jadis jésuite, Ose gloser sur ma
conduite, VOLT. Poésies mêlées, 63.
[L'Après-midi]
GOURD,
OURDE (gour, gour-d'), adj.
Perclus
par le froid. J'ai les mains si gourdes et si pesantes, qu'il m'est
impossible d'en écrire, Portrait d'un inconnu, en 1661, dans
FR. MICHEL, Argot. ...outre l'air méchant, elle a l'air aussi
gourde ; Connaissez-vous ce mot ? on l'a depuis un jour, Car il
est très nouveau, mis en vogue à la cour, Il veut dire
pesant, HAUTEROCHE, Bourg. de qualité, III, 6.
Fig. N'avoir pas les bras gourds, être
prêt à frapper. Il s'en allait.... battre sa femme....
Et témoigner qu'il n'avait les bras gourds, LA FONT. Rémois.
Fig. N'avoir pas les mains gourdes, se dit d'un
filou adroit, et aussi d'un homme âpre au gain.
Blé gourd, celui qui est gonflé
par l'humidité.
[Toute Aurore...]
GOURDE
(gour-d'), s. f.
1° Calebasse ou courge séchée et vidée dans
laquelle les soldats et les pèlerins portent leur boisson. Avoir
sa gourde pleine. L'eau du saint fleuve [Jourdain] emplit sa gourde
voyageuse [de Chateaubriand], V. HUGO, Odes, I, 9.
La gourde vient de la variété
gourde de la courge lagénaire (cucurbitacées).
2° Par extension, bouteille clissée, d'une forme analogue
à celle de la gourde et que l'on emporte quelquefois en voyage.
3° Ancien nom vulgaire d'une sorte d'hydrocèle, dite ainsi
par assimilation.
[Toute Aurore...]
GRIEF
(gri-èf), s. m.
1° Dommage que l'on reçoit. Il a reçu des griefs dont
il se plaint beaucoup. Redresser les griefs.
2° Motifs de plainte. Exposez vos griefs. Calvisson avait été
capitaine aux gardes et avait quitté, c'était le grief,
SAINT-SIMON 78, 2. Le peuple persan avait toujours compté parmi
ses griefs contre le peuple turc le meurtre d'Aly, quoiqu'Aly n'eût
point été assassiné par la nation turque qu'on
ne connaissait point alors ; mais c'est ainsi que le peuple raisonne,
VOLT. Moeurs, 158.
3° Au plur. Terme de pratique. Mémoire où l'on expose
le préjudice résultant d'un jugement dont on appelle.
Donner des griefs. Griefs et contredits. Griefs d'appel.
Terme d'ancienne pratique. Griefs hors le procès, pièce
d'écriture par laquelle on en appelait à des juges supérieurs.
[Tombeau de Poe]
GUIGNON
(ghi-gnon), s. m.
Mauvaise
chance, principalement au jeu. C'est, malheureuse, toi qui me portes
guignon, RÉGNIER, Sat. XI. Mais certes jamais un guignon N'arrive
sans son compagnon, SCARRON, Virg. II. Ne croyez point, ma fille, que
depuis trois mois vous ayez été en guignon ; je commence
par le gain de votre procès.... SÉV. 491. Ce n'est pas
sans un extrême chagrin que je vois ce guignon sur vous et sur
lui, ID. Lett. 15 nov. 1684. Le coeur me dit que votre guignon [au jeu]
ne changera pas, HAMILT. Gramm. 3. Oh ! j'ai toujours eu du guignon
dans les rencontres, MARIVAUX, Doubl. inconst. II, 11. Ma foi, c'est
jouer de guignon, il en faut convenir, GENLIS, Théât. d'éduc.
le Magistrat, II, 1. Vous repartirez sans doute la veille de mon retour ;
ce guignon-là, j'espère, ne me durera pas toujours, P.
L. COUR. Lett. I, 379.
Guignon guignonnant, sorte de génie malfaisant
employé dans les contes d'enfant pour signifier ou expliquer
des contrariétés successives.
[Le Guignon]
GUIVRE
ou GIVRE (ji-vr'), s. f.
Terme
de blason. Serpent.
On dit aussi guivre. Rome a ses clefs ;
Milan, l'enfant qui hurle encor Dans les dents de la guivre, V. HUGO,
Orient. 2.
[Mes bouquins...]