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        Ces stances ont en elle une grâce et une symétrie de dessin 
        que peu de poëtes atteignent dans leur vie, et sont aptes à 
        montrer ce qu'on ne peut exprimer que par ces mots contradictoires d'expérience 
        innée : ainsi les juge le célèbre poète 
        Russel Lowell.Et encore : " Il y a tout autour comme une saveur d'ambroisie. " 
        Et " nous nommons ces vers le plus 
        remarquable des poèmes d'adolescence, que nous ayons lu. Nous n'en 
        savons aucun qu on puisse lui comparer pour la maturité d'idées 
        et l'intelligence exquise de la langue et du maître. "
  Assez 
        d'éloges, certes, pour qu'il m'ait été permis de 
        faire des poèmes antérieurs passer dans le choix classique 
        ce joyau. Vers de la première jeunesse du poëte, et (nous 
        apprend l'autre Hélène magnifiquement célébrée 
        dans un grand morceau plus loin) dédiés à une dame 
        dont Poe continue de parler dans une lettre écrite un an avant 
        de mourir, comme " du seul et idolâtre amour, purement idéal, 
        de sa jeunessepassionnée ". L'histoire est touchante et illustre la nature 
        enfantine de Poe. " Aux jours de l'université de Richmond, 
        qui le posséda très jeune, il accompagnait à la maison 
        un de ses camarades, quand il vit pour la premièle fois Mrs. H... 
        S... la mère du jeune ami. Cette dame, dès son entrée 
        dans la chambre, lui prit la main et proféra quelques mots d'accueil 
        charmants et gracieux qui pénétrèrent le coeur sensitif 
        de l'orphelin, au point de lui enlever jusqu'au pouvoir de parler et, 
        pendant un instant, presque toute conscience. Il revint chez lui dans 
        un rêve, avec une pensée unique, un seul espoir
 en sa vie - d'entendre de nouveau les douces et gracieuses paroles qui 
        avaient rendu si beau pour lui le monde désolé, et a accablé 
        son coeur solitaire de l'oppression d'une joie nouvelle. Cette dame dans 
        la suite devint la confidente de tous ses chagrins d'écolier, et 
        elle fut la seule influence rédemptrice qui le préserva 
        et le guida, dans les premiers jours turbulents et passionnés de 
        sa jeunesse. Par de rares et étranges chagrins visitée, 
        elle mourut, et des mois après cette fin, ce fut l'habitude de 
        l'adolescent de visiter de nuit le cimetière où gisait enseveli 
        l'objet de sa jeune idolâtrie. La pensée de la morte solitaire 
        remplit son coeur d'un chagrin profond et incommunicable. Quand les nuits 
        étaient lugubres et froides, que les pluies d'automne tombaient 
        et que pleurait sur les tombes le deuil du vent, il errait alors plus 
        longtemps encore et ne partait que plus profondément en proie à 
        ses regrets ".
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