Stéphane Mallarmé un coup de dés...  
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Le Sonneur
Stéphane Mallarmé  
 
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Stéphane Mallarmé

 

LE SONNEUR

Cependant que la cloche éveille sa voix claire
À l'air pur et limpide et profond du matin
Et passe sur l'enfant qui jette pour lui plaire
Un angelus parmi la lavande et le thym,

Le sonneur effleuré par l'oiseau qu'il éclaire,
Chevauchant tristement en geignant du latin
Sur la pierre qui tend la corde séculaire,
N'entend descendre à lui qu'un tintement lointain.

Je suis cet homme. Hélas! de la nuit désireuse,
J'ai beau tirer le câble à sonner l'Idéal,
De froids péchés s'ébat un plumage féal,

Et la voix ne me vient que par bribes et creuse!
Mais, un jour, fatigué d'avoir en vain tiré,
O Satan, j'ôterai la pierre et me pendrai.

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Première version du Sonneur, 1862-1866   LE SONNEUR

Cependant que la cloche, enivrant sa voix claire
Dans l'air plein de rosée et jeune du matin
Invite la faucheuse à chanter pour lui plaire
Un Angélus qui sent la lavande et ,le thym,

Le sonneur essoufflé, qu'un cierge pâle éclaire,
Chevauchant tristement en geignant du latin
Sur la pierre qui tend la corde séculaire,
N'entend descendre à lui qu'un tintement lointain.

Je suis cet homme. Hélas ! dans mon ardeur peureuse
J'ai beau broyer le câble à sonner l'Idéal,
Depuù que le Mal trône en mon coeur lilial

La Voix ne me vient plus que par bribes et creuse
- Si bien qu'un jour, après avoir en vain tiré,
0 Satan, j'ôterai la pierre et me pendrai !

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