Stéphane Mallarmé un coup de dés...  
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Placet futile
Stéphane Mallarmé  
 
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PLACET FUTILE

Princesse! à jalouser le destin d'une Hébé
Qui poind sur cette tasse au baiser de vos lèvres,
J'use mes feux mais n'ai rang discret que d'abbé
Et ne figurerai même nu sur le Sèvres.

Comme je ne suis pas ton bichon embarbé,
Ni la pastille ni du rouge, ni jeux mièvres
Et que sur moi je sais ton regard clos tombé,
Blonde dont les coiffeurs divins sont des orfèvres!

Nommez-nous... toi de qui tant de ris framboisés
Se joignent en troupeau d'agneaux apprivoisés
Chez tous broutant les vœux et bêlant aux délires,

Nommez-nous... pour qu'Amour ailé d'un éventail
M'y peigne flûte aux doigts endormant ce bercail,
Princesse, nommez-nous berger de vos sourires.

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Première version du "Placet futile", parue en 1862.   PLACET

A. M. Arsène Houssaye.

J'ai longtemps rêvé d'être, ô duchesse, l'Hébé
Qui rit sur votre tasse au baiser de ter lèvres;
Mais je suis un poëte, un peu moins qu'un abbé,
Et n'ai point, jusqu'ici, figuré sur le Sèvres.

Puisque je ne suis pas son bichon embarbé,
Ni ton bonbon, ni ton carmin, ni tes jeux mièvres,
Et qu'avec moi pourtant vous avez succombé,
Blonde dont les coiffeurs divins sont les orfèvres,

Nommez-nous... - vous de qui les souris framboisés
Sont un troupeau poudré d'agneaux apprivoisés
Qui vont, broutant les coeurs et bêlant aux délires,

Nommez-nous... - et Boucher sur un rose éventail
Me peindra, flûte aux mains, endormant ce bercail,
Duchesse nomme-nous berger de vos sourires.

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